Ein Schatten im Nebel. ♣ LIBRE.

Des ruines... Des pierres éparses, des planches brisées, couvertes de lierre et de mauvaises herbes. Des ruines, de tout côté... Tout autour de moi n'était qu'abandon et désolation. Quelques maisons aux toits d'ardoise défoncés se dressaient encore péniblement à travers la brume, tels des fantômes rachitiques, surgis du passé. Je marchais d'un pas lent entre les poutres fendues et les murs abattus, contemplant ce terne paysage d'un œil presque réjoui. Je ne sais exactement ce qui m'avait poussé à diriger mes pas en ce lieu désertique. Peut-être était-ce sa ressemblance avec les terres d'où je venais, ou peut-être était-ce simplement le fait que je n'aimais pas les lieux ensoleillés et pleins de vie...
Je me tint sur le seuil de ce qui semblait avoir été autrefois un luxueux manoir. Je contemplai quelques instants la façade ravagée par le temps et ses vitres brisées, entre lesquelles quelques araignées avaient tissé leur toile. Il n'y avait pas âme qui vive, en ce lieu. Seul le vent venait encore claquer les portes de bois usées et faire entendre sa longue plainte au travers des masures vides et poussiéreuses... Je pénétrai alors à l'intérieur. Il faisait sombre. Seul un mince filet de lumière, passant entre deux poutres disjointes, venait en éclairer faiblement l'entrée. Mon regard parcourut rapidement les lieux. De vieux fauteuils poussiéreux d'où dépassaient les ressorts trônaient dans le salon, tels des cadavres éventrés. Aux murs, quelques tableaux, des crucifix...
Un craquement résonna soudain, brisant d'un coup le silence de mort qui régnait aux alentours. Je me retournai vivement, oreilles plaquées en arrière, scrutant par la fenêtre. Je n'étais plus seul, apparemment... Et ce n'était pas pour me plaire. Je décidai alors de rester dans ma position d'observateur encore un moment, à l'abri des regards, pour voir de qui il pouvait s'agir...

[ Bien sûr. (: ]

Un hennissement aigu retentit à quelques mètres de moi, qui semblait trahir une certaine anxiété. Je plissai les yeux et reconnut sans peine la silhouette noire d'une jument se dessiner en contraste sur le paysage blanc et désolé. Je n'eut même pas le temps de l'observer en détail, qu'une odeur qui m'était malheureusement connue et familière parvint jusqu'à mes naseaux, portée par le vent. Elle était en chaleur. Je poussai alors un profond soupir. Ce n'était donc pas dans un pur pur et innocent, que ses pas l'avait dirigés vers moi. Je demeurais immobile, ma queue battant l'air avec agacement. Je n'avais pas la moindre envie que cette parfaite inconnue s'approche de moi, surtout dans de pareilles conditions. Non pas que je doute de ma capacité à contrôler des pulsions que l'on pourrait qualifier de naturelles... Non, je n'avais simplement pas envie que l'on me dérange dans ma contemplation de ces lieux. Je venais à peine d'arriver et déjà, déjà l'on venait me harceler. Mais malheureusement pour elle, elle ne savait certainement pas à quoi s'attendre. Tant pis...

– Sors du manoir, j'ai vu tes traces. Tu es en Terres Nacht Schwartz et en temps que jument de ces lieux, je te somme de sortir, avant que je ne vienne te sortir de là par la peau de la croupe !

A ces mots, je me raidis, mon sang ne fit qu'un tour. Comment cette vulgaire jument osait-elle me parler de la sorte ! Moi, le chancelier du clan que je venais de quitter, et désormais chef des Nacht Schwarz. J'étais bien plus en droit qu'elle de réclamer justice quand à sa présence en ces lieux. Elle voulait que je sorte ? Elle voulait me voir ? Parfait, elle allait être servie. Le jour où je laisserai impunément quelqu'un me parler ainsi n'est pas encore arrivé, parole d'Adramelech !
Je sortis donc du manoir d'un pas lent et mesuré, soulevant un nuage de poussière et de toiles d'araignées sur mon passage. Je m'arrêtai à quelques mètres d'elle, campé sur mes jambes, la tête haute, mon regard glacial et méprisant rivé au sien.

– T'as quelque chose à me dire ?

Lançai-je d'une voix posée, mais cinglante comme une lame de rasoir.

J'écoutai le discours ennuyeux de la jument noire, les yeux rivés sur le ciel, mes oreilles pivotant en tout sens pour capter les bruits du vent plutôt que la voix horripilante de mon interlocutrice. En bref, je me fichais pas mal de ce qu'elle pouvait bien raconter, cela ne présentait absolument aucun intérêt à mes yeux.

– Tu parles trop. Je t'arracherais bien la langue, si je n'avais pas mieux à faire de ma journée.

Elle passa alors devant moi, la queue relevée en panache, un sourire stupide aux lèvres. Non seulement elle était pitoyable, mais vulgaire en plus... Un sourire machiavélique se dessina alors lentement sur mes pâles lèvres, découvrant légèrement ma dentition bien rangée.

– Au fond je te plains, tu dois vraiment te sentir seule. Il n'y a donc personne qui veuille de toi, pour que tu en arrives à adopter une attitude si pitoyable ? On se demande pourquoi...

Dis-je d'une voix doucereuse, où suintaient l'ironie et la méchanceté. Je mourais littéralement envie de l'attraper par une jambe et de la piétiner par terre, mais je restai immobile, mon regard provocateur rivé au sien, mon rictus malfaisant s'agrandissant un peu plus.

Spoiler:

Si Danger est d'accord, ça me pose aucun problème. ^^

Plusieurs jours et plusieurs nuits à marcher en me cognant contre chaque arbres sur mon chemin, chaque branches, en tombant dès la moindre irrégularité du sol. Maintes fois je me suis demandé pourquoi je ne m'arrêterais pas sur place, pour ne plus bouger et attendre. Mais quelque chose me poussait à continuer, alors j'ai suivi le vent jusqu'à ce que je rencontre un cheval sauvage qui me parle des Nacht Schwarz. Un clan de chevaux, qui ne conterait pas beaucoup de membres. Pourquoi ne pas essayer d'en faire partie. Peut-être trouverais-je quelqu'un pour me prêter ses yeux.
J'entend le vent se heurter contre quelque chose, s'engoufrer dans un passage entre deux roches, produisant un son....lugubre. Deux roches, ou autre chose d'ailleurs. Je trébuche en me coinçant le sabot entre une pierre et une planche, je reconnais la surface pleine d'échardes du bois. Le vent se calme un instant, laissant parvenir jusqu'à moi des bribes de conversations. Je décide d'aller voir.

-..se demande pourquoi...

Une voix d'étalon. Et je sens l'odeur d'une jument en chaleur. Je lance d'un air guilleret:

-Bonjour bonjour, je dérange ?

Spoiler: